Le 24 septembre dernier, dans le cadre de sa série live@CIRMMT, le Center for Interdisciplinary Research in Media and Technology (CIRMMT) recevait la pianiste Eve Egoyan et l’artiste visuel David Rokeby. Les deux artistes torontois y ont présenté Surface Tension, une oeuvre collaborative pour disklavier et video interactive explorant diverses avenues en matière d’interactivité image-musique. Sur la scène, un écran disposé au-dessus du disklavier donnait l’impression que les images, soit manipulées ou générées en direct par ordinateur, provenaient en fait de l’instrument lui-même.
Cinq « environnements » visuels interactifs ont été conçus a priori afin de permettre à Egoyan d’explorer, par le biais d’une improvisation en cinq parties, différentes rencontres image-musique. Les première et dernière parties étaient orientées autour d’un traitement vidéographique spécifique tandis que les improvisations centrales donnaient à voir différentes images de synthèse, générées en direct, que l’on pourrait associer au domaine de la Visual Music.
Un des moments les plus intéressants était sans contredit la troisième improvisation alors qu’une sorte de tour tridimensionnelle se construisait sous nos yeux, en direct, en fonction du jeu de la pianiste. Peut-être une des sections où Egoyan était le plus en dialogue avec l’image, modulant son jeu afin d’alimenter cette architecture étrange. Peut-être aussi un des moments où la conception des images exprimait le mieux la musique de par la transparence en ce qui a trait à la synchronicité des événements audiovisuels, et de par l’économie en matière de traitement visuel à laquelle Rokeby s’est restreint.
Comme le titre de l’oeuvre l’indique, certains des « environnements » interactifs conçus par Rokeby étaient basés sur des processus naturels, comme par exemple les perturbations à la surface de l’eau lorsqu’on y tire une roche, ou encore les trajectoires des planètes. L’utilisation de ces modèles était particulièrement explicite lors de la quatrième improvisation. Dans les grandes lignes, un générateur de particules à multiples attracteurs était en action. Certaines touches, ou du moins certains registres du piano engendraient l’émission de particules associées à certaines couleurs. Celles-ci traçaient des trajectoires parfois convergentes ou indépendantes. La musicienne y a conséquemment développé un jeu instrumental centré autour des oppositions de registres. On avait ainsi l’impression que cette facture visuelle était habillée d’une improvisation musicale en quelque sorte « calquée » sur le comportement du générateur de particules.
En écoutant l’improvisation livrée par Egoyan, on devine évidemment une musicienne en plein contrôle de son instrument. La pianiste cherche davantage à explorer l’interaction image-musique qu’à développer un jeu centré sur la performance. Néanmoins, la musicienne ne se limite jamais aux solutions instrumentales les plus faciles. Elle laisse entendre une musique inventive, empreinte de sobriété et de profondeur, qui cherche à séduire tout en demeurant exigeante.
À certains moments, et tout particulièrement dans la magnifique dernière section, on aurait apprécié que l’image ne soit pas emprisonnée dans un format de projection traditionnel. Ces formats (SD, HD, etc…), certainement appropriés pour des œuvres cinématographiques ou télévisuelles, peuvent parfois contraindre une œuvre qui demande à respirer davantage. Il faut dire par contre ici que le vaste et superbe espace du Multimedia Room (MMR) de la faculté de musique de McGill faisait ombrage ou enfin donnait l’impression que cet écran était un peu perdu dans ce lieu si vaste.
Le concert s’est terminé par un moment tout en blancheur. Des flocons de neige, en surface d’une image aux allures quasi quelconques, avec un cycliste en arrière-plan qu’on devine un peu mal pris dans cette tempête…, s’entrelaçaient et formaient un dense tissu alors qu’Egoyan laissait sortir du piano une musique exprimant parfaitement la sobriété de ces images.
Le 24 septembre dernier, dans le cadre de sa série live@CIRMMT, le Center for Interdisciplinary Research in Media and Technology (CIRMMT) recevait la pianiste Eve Egoyan et l’artiste visuel David Rokeby. Les deux artistes torontois y ont présenté Surface Tension, une oeuvre collaborative pour disklavier et video interactive explorant diverses avenues en matière d’interactivité image-musique. Sur la scène, un écran disposé au-dessus du disklavier donnait l’impression que les images, soit manipulées ou générées en direct par ordinateur, provenaient en fait de l’instrument lui-même.
Cinq « environnements » visuels interactifs ont été conçus a priori afin de permettre à Egoyan d’explorer, par le biais d’une improvisation en cinq parties, différentes rencontres image-musique. Les première et dernière parties étaient orientées autour d’un traitement vidéographique spécifique tandis que les improvisations centrales donnaient à voir différentes images de synthèse, générées en direct, que l’on pourrait associer au domaine de la Visual Music.
Un des moments les plus intéressants était sans contredit la troisième improvisation alors qu’une sorte de tour tridimensionnelle se construisait sous nos yeux, en direct, en fonction du jeu de la pianiste. Peut-être une des sections où Egoyan était le plus en dialogue avec l’image, modulant son jeu afin d’alimenter cette architecture étrange. Peut-être aussi un des moments où la conception des images exprimait le mieux la musique de par la transparence en ce qui a trait à la synchronicité des événements audiovisuels, et de par l’économie en matière de traitement visuel à laquelle Rokeby s’est restreint.
Comme le titre de l’oeuvre l’indique, certains des « environnements » interactifs conçus par Rokeby étaient basés sur des processus naturels, comme par exemple les perturbations à la surface de l’eau lorsqu’on y tire une roche, ou encore les trajectoires des planètes. L’utilisation de ces modèles était particulièrement explicite lors de la quatrième improvisation. Dans les grandes lignes, un générateur de particules à multiples attracteurs était en action. Certaines touches, ou du moins certains registres du piano engendraient l’émission de particules associées à certaines couleurs. Celles-ci traçaient des trajectoires parfois convergentes ou indépendantes. La musicienne y a conséquemment développé un jeu instrumental centré autour des oppositions de registres. On avait ainsi l’impression que cette facture visuelle était habillée d’une improvisation musicale en quelque sorte « calquée » sur le comportement du générateur de particules.
En écoutant l’improvisation livrée par Egoyan, on devine évidemment une musicienne en plein contrôle de son instrument. La pianiste cherche davantage à explorer l’interaction image-musique qu’à développer un jeu centré sur la performance. Néanmoins, la musicienne ne se limite jamais aux solutions instrumentales les plus faciles. Elle laisse entendre une musique inventive, empreinte de sobriété et de profondeur, qui cherche à séduire tout en demeurant exigeante.
À certains moments, et tout particulièrement dans la magnifique dernière section, on aurait apprécié que l’image ne soit pas emprisonnée dans un format de projection traditionnel. Ces formats (SD, HD, etc…), certainement appropriés pour des œuvres cinématographiques ou télévisuelles, peuvent parfois contraindre une œuvre qui demande à respirer davantage. Il faut dire par contre ici que le vaste et superbe espace du Multimedia Room (MMR) de la faculté de musique de McGill faisait ombrage ou enfin donnait l’impression que cet écran était un peu perdu dans ce lieu si vaste.
Le concert s’est terminé par un moment tout en blancheur. Des flocons de neige, en surface d’une image aux allures quasi quelconques, avec un cycliste en arrière-plan qu’on devine un peu mal pris dans cette tempête…, s’entrelaçaient et formaient un dense tissu alors qu’Egoyan laissait sortir du piano une musique exprimant parfaitement la sobriété de ces images.