Cette Ville Étrange entame sa quatrième année d’existence avec enthousiasme et néanmoins modestie. L’histoire est bien connue désormais, cette initiative tente de répondre à l’absence chronique d’un espace critique véritable de la musique de création en concert dans l’espace public, et notamment dans les médias de masse dont le pouvoir discrétionnaire sur la forme et le contenu des idées véhiculées semble plus grand que jamais. À l’heure actuelle, de deux choses l’une : si l’art ne subit pas le traitement formaté de la machine médiatique, il demeure insoupçonné, voire suspect. Si au contraire l’art est « traité » dans l’espace public par les média, il subit l’atrophie nécessaire pour qu’il ne soit plus qu’un « objet culturel » dont la valeur est marchande et circonstancielle.
Il y a péril en la demeure depuis un bon moment déjà. Les ratés funestes de la radio d’état (et nous nous gardons ici de les énumérer toutes tant tout a disparu depuis les 10 dernières années et jusqu’à l’inénarrable pogo-relish-mayo qui remplace l’opéra du samedi), les bouffonneries de la « corporation du pouvoir », et… ma foi, le Banquier, autant d’actions non-concertées certes, mais qui convergent néanmoins vers un appauvrissement net de la culture et du savoir dans notre société.
Nous croyons au contraire que la culture d’une société est saine lorsque toutes les idées qu’elle voit naître peuvent circuler librement dans l’espace public et que leur valeur n’est pas matérielle. Nous rêvons d’un monde qui s’abreuve d’expériences esthétiques diversifiées sans préjugé. Nous rêvons d’une société qui cultive son savoir, qui cultive sa pensée en voyageant à travers des Idées. Nous croyons que l’art est un moyen de partager des Idées pour enrichir la pensée et outiller son exercice.
On peut bien rêver, non ?
À sa mesure, Cette Ville Étrange cherche à donner vie aux idées musicales qui naissent de la pensée des musiciens. Si, aujourd’hui, le quotidien Le Devoir manifeste une ouverture en ce sens, nous saluons aussi l’initiative de la revue Circuit et de la Scena Musicale qui nous proposent un espace d’expression dans leur publication respective. La nature non lucrative et bénévole de notre initiative nous engage à la modestie d’une part, mais aussi à réitérer notre appel à vous tous et toutes. Cette année, nous voulons offrir aux compositeurs, musicologues, interprètes et mélomanes l’occasion de nous faire connaître leur pensée via une publication dans nos Carnets. Puisse-t-elle être en lien avec une œuvre en particulier, un concert, ou alors le fait d’une réflexion plus générale, il n’en tient qu’à vous !
Nous tenterons par ailleurs d’assurer au meilleur de nos possibilités un suivi des créations musicales qui auront lieu cette année via le format des préludes et postludes mis en place lors de la fondation de ce site.
La rédaction de Cette ville étrange