Le 23 mars 2011 dernier s’est tenu, au Canadian Centre of Music à Toronto, un lancement pour célébrer la parution d’un nouveau CD sur étiquette CentreDiscs – jalsaghar, un projet d’enregistrement s’étalant sur six ans, de la conception au lancement.
Les 12 musiciens figurant sur ce CD sont parmi les compositeurs et interprètes les plus accomplis et respectés au Canada. Pour ceux qui ont étroitement collaboré avec Vivienne Spiteri sur ce projet, il n’y a aucun doute qu’ils possèdent encore de très vifs souvenirs du temps passé à travailler avec elle – des rires et de la joie, mais probablement beaucoup de frustration, de stupéfaction, et même de l’agonie, alors que des milliers d’extraits sonores furent enregistrés ici et là, tandis qu’ils se rappellent devoir se tenir dans un coin, face au mur, et émettre un seul son de leur instrument, ou bien devoir se cacher dans une armoire afin d’émettre le son le plus doux possible. Tout cela à cause des approches non-conventionnelles de Vivienne par rapport à l’enregistrement, de même que de ses idées musicales intransigeantes.
jalsaghar démontre le talent de tous ces musiciens, et révèle les convictions et la vision de Vivienne Spiteri, une artiste originale et sans compromis, dont l’œuvre toute entière est dévolue à la musique contemporaine. Depuis presque trois décennies, elle a commandé des œuvres pour clavecin solo, avec d’autres instruments et avec support électroacoustique, dont plusieurs sont inclues sur ce CD. Vivienne croit que la perception de la musique est meilleure si on en fait l’expérience via écouteurs, qui offrent une écoute profonde, intérieure et intime. Toutes les œuvres ont été enregistrées avec une installation à 8 pistes, et spatialisée au cours du processus du montage avec le design sonique de Vivienne. Au cours de toute la carrière de Vivienne, elle a cherché à s’affranchir des tyrannies, incluant celle de la tradition. Avec jalsaghar, le clavecin et plusieurs instruments inhabituels forment des combinaisons jamais entendues auparavant dans l’histoire. En commençant par la programmation, la collecte de fonds, et l’enregistrement, Vivienne a continué pendant trois ans, travaillant de douze à seize heures par jour, se concentrant sur le montage, le mixage, et le design sonore, et finalement travaillant côte à côte avec le technicien principal lors du montage final; elle a préparé le livret du CD et traduit les textes de l’anglais au français. Son engagement et son dévouement ont été extraordinaire.
Le résultat est ce CD unique, un portrait de l’artiste: aussi fragile qu’un flocon de neige, et pourtant forte comme un iceberg. Écouter jalsaghar a été pour moi une expérience tellement enrichissante et inspirante. En l’écoutant, j’ai eu l’impression d’être élevé dans un espace ouvert multi-dimensionnel; les œuvres elles-mêmes sont élargies au-delà des paramètres musicaux conventionnels. Chaque œuvre devient une partie d’un univers sonique, s’ouvrant avec des images et un sens. J’ai alors lu les notes de programme de Vivienne, « pour moi, la Musique est ce qui se passe lorsque vous transcendez l’instrument, écoutez au-delà de la partition. Dans jalsaghar, mon besoin était d’investiguer une situation théorique – une partition de hauteurs, rythme, dynamiques, et tempo – via une perspective plus large de paramètres acoustiques contrôlés et d’un espace contrôlé. »
jalsaghar révèle le parcours musical d’une artiste sonique. L’écouter est une expérience transformatrice pour l’oreille et l’esprit, et ceci est l’art véritable de l’interprétation. Il y a beaucoup de nouveaux terrains à découvrir : comment la musique acoustique peut être entendue en tant que musique électroacoustique; comment le clavecin devient un instrument extrêmement puissant ou encore mystérieusement intime; comment plusieurs instruments ayant été étiquetés et caractérisés de manière restreinte, tels que l’accordéon ou le banjo, acquièrent une dimension et expression nouvelle. jalsaghar signifie : la Salle de Musique. Ce titre vient d’une nouvelle en Bengali, plus tard convertie en film par Satyajit Ray, à propos du dernier concert qu’un patriarche, autrefois riche, organise dans son château en ruines. Le CD jalsaghar débute avec mon œuvre, in the beginning was the end. J’espère que ceci n’est pas le message que nous transmet Vivienne. Je voudrais qu’elle sache que la dernière œuvre de mon cycle s’intitule and the end is the beginning. Quiconque écoute ce brillant et émouvant CD espérera qu’il constitue un nouveau début de l’art sonique formidable de Vivienne Spiteri.
Vivienne Spiteri, clavecin
Jalsaghar, Centredisques, 2010.
Le 23 mars 2011 dernier s’est tenu, au Canadian Centre of Music à Toronto, un lancement pour célébrer la parution d’un nouveau CD sur étiquette CentreDiscs – jalsaghar, un projet d’enregistrement s’étalant sur six ans, de la conception au lancement.
Les 12 musiciens figurant sur ce CD sont parmi les compositeurs et interprètes les plus accomplis et respectés au Canada. Pour ceux qui ont étroitement collaboré avec Vivienne Spiteri sur ce projet, il n’y a aucun doute qu’ils possèdent encore de très vifs souvenirs du temps passé à travailler avec elle – des rires et de la joie, mais probablement beaucoup de frustration, de stupéfaction, et même de l’agonie, alors que des milliers d’extraits sonores furent enregistrés ici et là, tandis qu’ils se rappellent devoir se tenir dans un coin, face au mur, et émettre un seul son de leur instrument, ou bien devoir se cacher dans une armoire afin d’émettre le son le plus doux possible. Tout cela à cause des approches non-conventionnelles de Vivienne par rapport à l’enregistrement, de même que de ses idées musicales intransigeantes.
jalsaghar démontre le talent de tous ces musiciens, et révèle les convictions et la vision de Vivienne Spiteri, une artiste originale et sans compromis, dont l’œuvre toute entière est dévolue à la musique contemporaine. Depuis presque trois décennies, elle a commandé des œuvres pour clavecin solo, avec d’autres instruments et avec support électroacoustique, dont plusieurs sont inclues sur ce CD. Vivienne croit que la perception de la musique est meilleure si on en fait l’expérience via écouteurs, qui offrent une écoute profonde, intérieure et intime. Toutes les œuvres ont été enregistrées avec une installation à 8 pistes, et spatialisée au cours du processus du montage avec le design sonique de Vivienne. Au cours de toute la carrière de Vivienne, elle a cherché à s’affranchir des tyrannies, incluant celle de la tradition. Avec jalsaghar, le clavecin et plusieurs instruments inhabituels forment des combinaisons jamais entendues auparavant dans l’histoire. En commençant par la programmation, la collecte de fonds, et l’enregistrement, Vivienne a continué pendant trois ans, travaillant de douze à seize heures par jour, se concentrant sur le montage, le mixage, et le design sonore, et finalement travaillant côte à côte avec le technicien principal lors du montage final; elle a préparé le livret du CD et traduit les textes de l’anglais au français. Son engagement et son dévouement ont été extraordinaire.
Le résultat est ce CD unique, un portrait de l’artiste: aussi fragile qu’un flocon de neige, et pourtant forte comme un iceberg. Écouter jalsaghar a été pour moi une expérience tellement enrichissante et inspirante. En l’écoutant, j’ai eu l’impression d’être élevé dans un espace ouvert multi-dimensionnel; les œuvres elles-mêmes sont élargies au-delà des paramètres musicaux conventionnels. Chaque œuvre devient une partie d’un univers sonique, s’ouvrant avec des images et un sens. J’ai alors lu les notes de programme de Vivienne, « pour moi, la Musique est ce qui se passe lorsque vous transcendez l’instrument, écoutez au-delà de la partition. Dans jalsaghar, mon besoin était d’investiguer une situation théorique – une partition de hauteurs, rythme, dynamiques, et tempo – via une perspective plus large de paramètres acoustiques contrôlés et d’un espace contrôlé. »
jalsaghar révèle le parcours musical d’une artiste sonique. L’écouter est une expérience transformatrice pour l’oreille et l’esprit, et ceci est l’art véritable de l’interprétation. Il y a beaucoup de nouveaux terrains à découvrir : comment la musique acoustique peut être entendue en tant que musique électroacoustique; comment le clavecin devient un instrument extrêmement puissant ou encore mystérieusement intime; comment plusieurs instruments ayant été étiquetés et caractérisés de manière restreinte, tels que l’accordéon ou le banjo, acquièrent une dimension et expression nouvelle. jalsaghar signifie : la Salle de Musique. Ce titre vient d’une nouvelle en Bengali, plus tard convertie en film par Satyajit Ray, à propos du dernier concert qu’un patriarche, autrefois riche, organise dans son château en ruines. Le CD jalsaghar débute avec mon œuvre, in the beginning was the end. J’espère que ceci n’est pas le message que nous transmet Vivienne. Je voudrais qu’elle sache que la dernière œuvre de mon cycle s’intitule and the end is the beginning. Quiconque écoute ce brillant et émouvant CD espérera qu’il constitue un nouveau début de l’art sonique formidable de Vivienne Spiteri.
Vivienne Spiteri, clavecin
Jalsaghar, Centredisques, 2010.