À la salle Bourgie le dimanche 17 novembre prochain à 14 h 30, l’Ensemble contemporain de Montréal (ECM+) ouvre sa saison avec les Chansons du Bonhomme de chemin, un spectacle multidisciplinaire — musique et projections vidéo — qui s’articule autour de l’œuvre éponyme du compositeur montréalais Michel Gonneville et de pièces pour piano d’Erik Satie interprétées par Louise Bessette.
La soprano Magali Simard-Galdès et le baryton Dion Mazerolle interpréteront huit des treize pièces qui constituent le cycle des Chansons du Bonhomme de chemin. Dans la production de Michel Gonneville, ces Chansons viennent enrichir un corpus vocal déjà substantiel auquel l’ECM+ a contribué en enregistrant les Microphone Songs en 2009[1], et qui comprend la proposition opératique L’Hypothèse Caïn (2019) et la Cantate de la dette perpétuelle (2013).
C’est à la suite de la création de l’opéra-féerie de Gilles Tremblay[2] que Michel Gonneville a proposé au librettiste, le poète québécois Pierre Morency, de collaborer. Des treize poèmes mis en musique, huit sont inédits, les cinq autres se retrouvant dans le plus récent recueil du poète, Grand fanal, paru chez Boréal en 2018. Fidèles à la veine intime et naturaliste de leur auteur, proches du folklore et souvent rimés, ces poèmes abordent le passage des saisons, l’enfance et la poésie elle-même, thèmes qui structurent le déroulement de l’œuvre musicale. Artiste polyvalent, Pierre Morency a également réalisé des dessins qui ont servi de matière première à la directrice artistique Véronique Lacroix et au vidéaste Serge Maheu pour développer ensemble les projections du spectacle.
Dans les Chansons du Bonhomme de chemin, Michel Gonneville revient à ce qui lui est cher : clarté de la prosodie, puisqu’il s’agit bien de chansons, polymodalité, sa marque de commerce, et élaboration structurelle soignée, notamment pour l’instrumentation, qui est différente pour chaque pièce.
Et Satie dans tout ça ? Depuis ses tout débuts, l’ECM+ adopte une approche qui vise à faire entrer en dialogue la création contemporaine et les œuvres du passé, comme ce fut le cas pour le concert (1994) et la tournée (1996) Sur la touche, qui réunissait le Concerto no 17 de Mozart et Adonwe de Michel Gonneville. Dans le spectacle à venir, l’apparente simplicité des vers de Morency entre en résonance avec les annotations littéraires — ni indications musicales ni poèmes autonomes — dont sont truffées les partitions d’Erik Satie. Aussi, une même prédilection pour l’idée d’une quotidienneté réenchantée rassemble Satie, Morency et Gonneville.
Les pièces pour piano de Satie jouées par Louise Bessette s’intercaleront entre chacune des chansons de Gonneville, leur répondant en quelque sorte, pendant que seront projetés à l’écran les textes du compositeur français. Ce dialogue sera souligné par la mise en espace des interprètes : sur scène pour les solistes, au niveau du public pour l’orchestre. La partie conclusive du spectacle poussera plus avant la rencontre artistique, avec la première audition de « l’accompagnement orchestral » réalisé par Michel Gonneville pour les Danses de travers, extraites des Pièces froides de 1897. Plus qu’une simple transcription destinée à colorer la partie de piano, Gonneville a aussi composé des transitions pour lier les Danses entre elles et a été jusqu’à extrapoler en faisant chanter certaines des indications de Satie…
Chansons du Bonhomme de chemin
Dimanche 17 novembre 2019, 14h30
Salle Bourgie, Musée des beaux-arts de Montréal
1339 rue Sherbrooke Ouest, Montréal
Billetterie
[1] Album Nouveaux Territoires 03, paru en 2010.
[2] L’eau qui danse, la pomme qui chante et l’oiseau qui dit la vérité