Sur la création à venir de Au cœur du son de Serge Arcuri, dans le cadre du concert Les cinq As de l’ECM+ (4 mai, salle Pierre-Mercure, Montréal) Disons-le tout de go, Serge Arcuri est un de nos compositeurs les plus vaillants, les plus sensibles, parmi les meilleurs. Il tisse une œuvre multiple – musiques de concert mais aussi de scène, de film et de télévision-, à l’affût de propos extra-musicaux à traduire certes, soient-ils les siens propres ou ceux imposés par le médium concerné, mais toujours l’œuvre et le monde qu’il crée ainsi s’imposent par leur facture très personnelle. Très soucieux lui-même de la transmission juste de ses idées par des interprètes dont il se sent proche et auxquels il accorde une grande attention, afin que toutes et tous soient dans les meilleures conditions pour livrer les messages de ses musiques, il n’a de cesse de leur fournir des partitions limpides qui leur communiquent le profond amour qu’il a pour eux et pour la Musique. Si sa musique peut de l’extérieur sembler facile d’accès, c’est tout d’abord parce qu’elle sonne toujours bien !, et qu’elle est bien conçue pour les instruments et les voix ou toutes sources acoustiques ou électroacoustiques auxquelles il la destine : sa musique recèle et révèle une profondeur et une sensibilité de tous les instants, épousant au mieux les idiophones impliqués dans sa réalisation.
Qu’en est-il maintenant de l’œuvre à créer : Au cœur du son ? À la lecture de la partition, on suit le personnage-violon qui impose sa présence dès le début, énergique, mais aussitôt alternant avec une douceur lyrique, selon un comportement ambivalent (schizophrène ?) qui marquera tout le premier volet. Lente conquête, mais brisée, d’un élargissement du registre, de l’expression, de l’affirmation, qui se referme toutefois à la fin, avec cette suspension de quintes sur solo de basson, comme un signe de territoires encore à parcourir… L’orchestre se joindra discrètement et augmentera le discours du soliste, par groupes s’opposant, se complétant. Chaque groupe orchestral agit comme un personnage complémentaire, aidant le soliste dans son périple, dans sa recherche; certains deviennent plus actifs au fil des rencontres, des échanges, tel ce percussionniste qui amplifie au vibraphone les traits du violon pour le guider ailleurs dans ses résonances. Le deuxième volet est tout en élans freinés qui sans cesse repartent, relancés par le soliste ou encore par le vibraphone avec le piano ou la flûte, élans d’où sans cesse le violon émerge, après des éclipses passagères, pour aller vers d’autres zones d’expression, en registre et en activité, pour revenir pourtant de nouveau à la solitude. Au 3e épisode, après un début suspendu au violon qui prolonge la fin du volet précédent, un trio flûte-vibraphone-piano relance le protagoniste vers un langage plus orné, développé, qui le fait s’aventurer dans une cadenza où repassent (en rêve ?) ses aspects contrastés. Depuis un lyrisme soutenu à deux voix (en doubles-cordes), il peut dès lors reprendre contact avec l’ensemble, appuyé sur une pulsation régulière, nouvelle, à l’alto, qui lui redonne vie, le pousse même à convier de nouveau le trio flûte-vibraphone-piano pour s’y joindre en diaphanes harmoniques naturelles, et aboutir à une dernière ascension lyrique, portée par un accord qui le dépasse, qui le prolonge…..
Et que diable vient faire l’As de Cœur dans cet univers ?
Sur la création à venir de Au cœur du son de Serge Arcuri, dans le cadre du concert Les cinq As de l’ECM+ (4 mai, salle Pierre-Mercure, Montréal)
Disons-le tout de go, Serge Arcuri est un de nos compositeurs les plus vaillants, les plus sensibles, parmi les meilleurs. Il tisse une œuvre multiple – musiques de concert mais aussi de scène, de film et de télévision-, à l’affût de propos extra-musicaux à traduire certes, soient-ils les siens propres ou ceux imposés par le médium concerné, mais toujours l’œuvre et le monde qu’il crée ainsi s’imposent par leur facture très personnelle.
Très soucieux lui-même de la transmission juste de ses idées par des interprètes dont il se sent proche et auxquels il accorde une grande attention, afin que toutes et tous soient dans les meilleures conditions pour livrer les messages de ses musiques, il n’a de cesse de leur fournir des partitions limpides qui leur communiquent le profond amour qu’il a pour eux et pour la Musique.
Si sa musique peut de l’extérieur sembler facile d’accès, c’est tout d’abord parce qu’elle sonne toujours bien !, et qu’elle est bien conçue pour les instruments et les voix ou toutes sources acoustiques ou électroacoustiques auxquelles il la destine : sa musique recèle et révèle une profondeur et une sensibilité de tous les instants, épousant au mieux les idiophones impliqués dans sa réalisation.
Qu’en est-il maintenant de l’œuvre à créer : Au cœur du son ? À la lecture de la partition, on suit le personnage-violon qui impose sa présence dès le début, énergique, mais aussitôt alternant avec une douceur lyrique, selon un comportement ambivalent (schizophrène ?) qui marquera tout le premier volet. Lente conquête, mais brisée, d’un élargissement du registre, de l’expression, de l’affirmation, qui se referme toutefois à la fin, avec cette suspension de quintes sur solo de basson, comme un signe de territoires encore à parcourir… L’orchestre se joindra discrètement et augmentera le discours du soliste, par groupes s’opposant, se complétant. Chaque groupe orchestral agit comme un personnage complémentaire, aidant le soliste dans son périple, dans sa recherche; certains deviennent plus actifs au fil des rencontres, des échanges, tel ce percussionniste qui amplifie au vibraphone les traits du violon pour le guider ailleurs dans ses résonances. Le deuxième volet est tout en élans freinés qui sans cesse repartent, relancés par le soliste ou encore par le vibraphone avec le piano ou la flûte, élans d’où sans cesse le violon émerge, après des éclipses passagères, pour aller vers d’autres zones d’expression, en registre et en activité, pour revenir pourtant de nouveau à la solitude. Au 3e épisode, après un début suspendu au violon qui prolonge la fin du volet précédent, un trio flûte-vibraphone-piano relance le protagoniste vers un langage plus orné, développé, qui le fait s’aventurer dans une cadenza où repassent (en rêve ?) ses aspects contrastés. Depuis un lyrisme soutenu à deux voix (en doubles-cordes), il peut dès lors reprendre contact avec l’ensemble, appuyé sur une pulsation régulière, nouvelle, à l’alto, qui lui redonne vie, le pousse même à convier de nouveau le trio flûte-vibraphone-piano pour s’y joindre en diaphanes harmoniques naturelles, et aboutir à une dernière ascension lyrique, portée par un accord qui le dépasse, qui le prolonge…..
Et que diable vient faire l’As de Cœur dans cet univers ?