Le son ne voyage pas dans le vide !
Voilà une initiative tout de même assez curieuse que cet appel lancé par cettevilleetrange.org en août 2010. Le projet faisait suite, en quelque sorte, à une lettre écrite par Michel Gonneville et appuyée par quelques 150 signataires au quotidien Le Devoir, lequel n’a pas jugé bon d’y donner suite. Le compositeur y déplorait l’absence presque totale de couverture de la création musicale au Québec dans les pages de ce quotidien. Ce déficit d’informations sur la création musicale est malheureusement encore observable sur l’ensemble des plateformes actuelles et cettevilleetrange.org, à l’échelle de son rayonnement possible, s’était donné comme mandat de combler ce vide et d’apporter un peu d’oxygène au milieu de la création musicale, tous créateurs, interprètes, spécialistes et mélomanes confondus.
Dans ce contexte, l’idée de fréquenter une œuvre musicale au-delà de sa première exécution, par le biais de la réflexion et éventuellement par l’écrit, pouvait s’avérer plutôt étrange en dehors des cercles académiques. Mais voilà bientôt un an que cettevilleetrange.org a débuté ses activités, et, au cours de cette première année d’existence, nous avons pu constater à quel point cette initiative a réussi à enthousiasmer tout un lectorat. 15 auteurs y ont publié en tout 35 articles, lesquels ont été lus plusieurs milliers de fois au Québec, en France, aux USA, en Chine… Quand on y pense, ces 35 contributions représentent plus (tant quantitativement que – osons le dire – qualitativement) que tout ce que les critiques musicaux des trois quotidiens de Montréal auront pu produire sur le sujet depuis un bon nombre d’années !
C’est donc avec enthousiasme que nous entreprenons cette deuxième année. Quelques changements ont été apportés quant aux balises régissant les interventions : le Web pouvant prendre quelquefois des allures de far-west, il nous semblait important de mieux définir la nature des contributions que nous recherchons. Nous invitons donc tous les auteurs à consulter la charte qui a été rédigé à cette effet et que l’on peut trouver à partir d’un [intlink id=”329″ type=”page”]onglet homonyme sur la page principal du site[/intlink]. D’autres démarches nous sont apparues nécessaires qui visent à accroître et diversifier le lectorat et le bassin d’auteurs, à tisser des liens avec le milieu tout en préservant la liberté des auteurs, à consolider le statut légal de l’organisation et à tenter d’assurer une rémunération à nos auteurs, qui, comme l’équipe de fondation, fonctionnent pour l’instant dans les limites de leur disponibilité et de leur bonne volonté. Comme première initiative dans ce sens, nous avons ajouté une option à notre site permettant aux lecteurs de contribuer financièrement. Toutes les sommes accumulées iront directement aux auteurs, au prorata du nombre d’articles qu’ils auront écrits.
Il est d’usage de percevoir le musical comme une expérience du sensible / sensoriel. Mais« le manque d’outils conceptuels quant à l’analyse en profondeur du phénomène (comparé à la littérature et aux arts visuels) a contribué à la « ghettoïsation » de celle-ci, la reléguant trop souvent au rang de noble divertissement.»(1) Lorsqu’une information plus exigeante sur la musique circule, il est surprenant de constater son rayonnement. Répercuter et prolonger le monde des sons dans le monde des mots est-il si futile ? La question revient constamment. Quand on sait à quel point le monde des mots forme parfois obstacle, empêche l’accès à celui des sons, il faut espérer, il faut croire que certains mots, bien choisis, aient l’effet contraire, et permettent plutôt à l’être tout entier d’y entrer et d’y vibrer.
La musique peut provoquer l’émotion ou le réconfort. Et c’est lorsqu’elle fuit et nous échappe qu’elle devient bouleversante. C’est bien à ce bouleversement, que veulent répondre (répondront) les auteurs et lecteurs qui passent par Cette ville étrange.
(1) Provost, S., Lire Xenakis in Circuit vol 5 no 2, Les presse de l’Université de Montréal, Montréal, 1994, p. 69
=========
= = = = = Édito anno II About Sound doesn’t travel in a vacuum! Nonetheless, this call sent by cettevilleetrange.org in August 2010 was a rather curious initiative. The project followed, so to say, a letter written by Michel Gonneville and backed up by almost 150 signatory, which was sent to the daily newspaper Le Devoir, who hasn’t deigned to reply. The composer deplored the almost total absence of coverage regarding musical creation in Québec, within the newspaper’s pages. This information deficit concerning musical creation can sadly still be witnessed on the whole of the cultural platforms and cettevilleetrange.org, within the scale of its possible outreach, had as a mandate to fill this void and to bring some oxygen in the field of musical creation, for creators, performers, specialists and music lovers alike. In this context, the idea to encounter a musical work beyond its first performance, via reflection and eventually in writing, could seem a bit strange outside academic circles. But it’s been almost a year since cettevilleetrange.org began its activities, and, during this first year of existence, we were able to witness the extent in which this initiative managed to enthuse its readership. 15 authors have published 35 articles in total, which have been read thousands of times in Québec, in France, in the USA, in China… Thinking of it, these 35 contributions represent more (quantitatively as well as – let’s dare to say it – qualitatively) than what all the musical critics active at the three Montreal daily newspapers have written on the subject since quite a number of years! It is thus with great enthusiasm what we begin this second year. Some changes have been made concerning the guidelines regulating the interventions: the Web at times assuming a Far-West allure, it seems to us necessary to better define the nature of the contributions that we are looking for. We thus invite all authors to acquaint themselves with the chart that has been drawn for this purpose and which can be found at the homonymous tab on the main page of the site. Other approaches seemed to us necessary, in order to augment and diversify the readership and the pool of authors, to foster links with the milieu while preserving the author’s liberty, to consolidate the legal status of the organisation and to attempt to provide a small fee to our authors, who, just like the founding team, currently work within the limits of their availability and their good will. As a first step in that direction, we have added a feature to our site which allows the readers to contribute financially. The amount from the proceedings will go directly to the authors, according to the pro rata of the articles they will have written. It is common to perceive the musical as an experience of the sensitive/sensible. But the « lack of conceptual tools as regard the in depth analysis of the phenomenon (compared to literature and visual arts) has contributed to its “ghettoization,” relegating it too often to the rank of noble entertainment. » (1) When more demanding information about music circulates, it is interesting to witness its influence. Is reflecting and prolonging the realm of sounds in the realm of words so futile? The question constantly comes up. When one knows how much the realm of words often constitutes an obstacle, hinders access to the realm of sounds, one has to hope, has to believe that some well-chosen words may have the contrary effect, and may instead allow the whole being to enter it and vibrate in it. Music can provoke emotion or bring comfort. And it is when it escapes and eludes us that it becomes overwhelming. It is to this feeling which deeply moves us that the authors and readers passing by Cette ville étrange wish to (will) respond. (1) Provost,S.,Lire Xenakis in Circuit vol 5 no 2, Les presse de l’Université de Montréal, Montréal, 1994, p. 69
Le son ne voyage pas dans le vide !
Voilà une initiative tout de même assez curieuse que cet appel lancé par cettevilleetrange.org en août 2010. Le projet faisait suite, en quelque sorte, à une lettre écrite par Michel Gonneville et appuyée par quelques 150 signataires au quotidien Le Devoir, lequel n’a pas jugé bon d’y donner suite. Le compositeur y déplorait l’absence presque totale de couverture de la création musicale au Québec dans les pages de ce quotidien. Ce déficit d’informations sur la création musicale est malheureusement encore observable sur l’ensemble des plateformes actuelles et cettevilleetrange.org, à l’échelle de son rayonnement possible, s’était donné comme mandat de combler ce vide et d’apporter un peu d’oxygène au milieu de la création musicale, tous créateurs, interprètes, spécialistes et mélomanes confondus.
Dans ce contexte, l’idée de fréquenter une œuvre musicale au-delà de sa première exécution, par le biais de la réflexion et éventuellement par l’écrit, pouvait s’avérer plutôt étrange en dehors des cercles académiques. Mais voilà bientôt un an que cettevilleetrange.org a débuté ses activités, et, au cours de cette première année d’existence, nous avons pu constater à quel point cette initiative a réussi à enthousiasmer tout un lectorat. 15 auteurs y ont publié en tout 35 articles, lesquels ont été lus plusieurs milliers de fois au Québec, en France, aux USA, en Chine… Quand on y pense, ces 35 contributions représentent plus (tant quantitativement que – osons le dire – qualitativement) que tout ce que les critiques musicaux des trois quotidiens de Montréal auront pu produire sur le sujet depuis un bon nombre d’années !
C’est donc avec enthousiasme que nous entreprenons cette deuxième année. Quelques changements ont été apportés quant aux balises régissant les interventions : le Web pouvant prendre quelquefois des allures de far-west, il nous semblait important de mieux définir la nature des contributions que nous recherchons. Nous invitons donc tous les auteurs à consulter la charte qui a été rédigé à cette effet et que l’on peut trouver à partir d’un [intlink id=”329″ type=”page”]onglet homonyme sur la page principal du site[/intlink]. D’autres démarches nous sont apparues nécessaires qui visent à accroître et diversifier le lectorat et le bassin d’auteurs, à tisser des liens avec le milieu tout en préservant la liberté des auteurs, à consolider le statut légal de l’organisation et à tenter d’assurer une rémunération à nos auteurs, qui, comme l’équipe de fondation, fonctionnent pour l’instant dans les limites de leur disponibilité et de leur bonne volonté. Comme première initiative dans ce sens, nous avons ajouté une option à notre site permettant aux lecteurs de contribuer financièrement. Toutes les sommes accumulées iront directement aux auteurs, au prorata du nombre d’articles qu’ils auront écrits.
Il est d’usage de percevoir le musical comme une expérience du sensible / sensoriel. Mais « le manque d’outils conceptuels quant à l’analyse en profondeur du phénomène (comparé à la littérature et aux arts visuels) a contribué à la « ghettoïsation » de celle-ci, la reléguant trop souvent au rang de noble divertissement.»(1) Lorsqu’une information plus exigeante sur la musique circule, il est surprenant de constater son rayonnement. Répercuter et prolonger le monde des sons dans le monde des mots est-il si futile ? La question revient constamment. Quand on sait à quel point le monde des mots forme parfois obstacle, empêche l’accès à celui des sons, il faut espérer, il faut croire que certains mots, bien choisis, aient l’effet contraire, et permettent plutôt à l’être tout entier d’y entrer et d’y vibrer.
La musique peut provoquer l’émotion ou le réconfort. Et c’est lorsqu’elle fuit et nous échappe qu’elle devient bouleversante. C’est bien à ce bouleversement, que veulent répondre (répondront) les auteurs et lecteurs qui passent par Cette ville étrange.
(1) Provost, S., Lire Xenakis in Circuit vol 5 no 2, Les presse de l’Université de Montréal, Montréal, 1994, p. 69
=========
= = = = = Édito anno II About Sound doesn’t travel in a vacuum! Nonetheless, this call sent by cettevilleetrange.org in August 2010 was a rather curious initiative. The project followed, so to say, a letter written by Michel Gonneville and backed up by almost 150 signatory, which was sent to the daily newspaper Le Devoir, who hasn’t deigned to reply. The composer deplored the almost total absence of coverage regarding musical creation in Québec, within the newspaper’s pages. This information deficit concerning musical creation can sadly still be witnessed on the whole of the cultural platforms and cettevilleetrange.org, within the scale of its possible outreach, had as a mandate to fill this void and to bring some oxygen in the field of musical creation, for creators, performers, specialists and music lovers alike. In this context, the idea to encounter a musical work beyond its first performance, via reflection and eventually in writing, could seem a bit strange outside academic circles. But it’s been almost a year since cettevilleetrange.org began its activities, and, during this first year of existence, we were able to witness the extent in which this initiative managed to enthuse its readership. 15 authors have published 35 articles in total, which have been read thousands of times in Québec, in France, in the USA, in China… Thinking of it, these 35 contributions represent more (quantitatively as well as – let’s dare to say it – qualitatively) than what all the musical critics active at the three Montreal daily newspapers have written on the subject since quite a number of years! It is thus with great enthusiasm what we begin this second year. Some changes have been made concerning the guidelines regulating the interventions: the Web at times assuming a Far-West allure, it seems to us necessary to better define the nature of the contributions that we are looking for. We thus invite all authors to acquaint themselves with the chart that has been drawn for this purpose and which can be found at the homonymous tab on the main page of the site. Other approaches seemed to us necessary, in order to augment and diversify the readership and the pool of authors, to foster links with the milieu while preserving the author’s liberty, to consolidate the legal status of the organisation and to attempt to provide a small fee to our authors, who, just like the founding team, currently work within the limits of their availability and their good will. As a first step in that direction, we have added a feature to our site which allows the readers to contribute financially. The amount from the proceedings will go directly to the authors, according to the pro rata of the articles they will have written. It is common to perceive the musical as an experience of the sensitive/sensible. But the « lack of conceptual tools as regard the in depth analysis of the phenomenon (compared to literature and visual arts) has contributed to its “ghettoization,” relegating it too often to the rank of noble entertainment. » (1) When more demanding information about music circulates, it is interesting to witness its influence. Is reflecting and prolonging the realm of sounds in the realm of words so futile? The question constantly comes up. When one knows how much the realm of words often constitutes an obstacle, hinders access to the realm of sounds, one has to hope, has to believe that some well-chosen words may have the contrary effect, and may instead allow the whole being to enter it and vibrate in it. Music can provoke emotion or bring comfort. And it is when it escapes and eludes us that it becomes overwhelming. It is to this feeling which deeply moves us that the authors and readers passing by Cette ville étrange wish to (will) respond. (1) Provost,S.,Lire Xenakis in Circuit vol 5 no 2, Les presse de l’Université de Montréal, Montréal, 1994, p. 69